Pas mal en effet Alain, mais il y a possibilité d’y ajouter quelques subtilités !
Donc pourquoi les paupières sont-elles en position entrebâillée au décollage ?
Les 4 points qui m’intéressent sur cette position particulière au décollage sont les suivants :
- Régulation optimale du réacteur
- Réduction de bruit
- Refroidissement paupières
- Celui que je préfère, optimisation de la portance de l’aile !
Point important avant de commencer.
La section d’ouverture possible et maximale (position 0°) des paupières d’un Olympus 593 est plus importante que la section maximale du réacteur en lui-même.
Paupières, totalement ouvertes, forment alors une tuyère secondaire divergente et en mode supersonique c’est capital.
Le document que tu as montré Alain est excellent, du coup je ne vais développer que le mode décollage qui m’intéresse pour mon quizz.
La régulation du réacteur Olympus 593 est assuré par la tuyère primaire (N°8) + la modification de débit en carburant (N°3).
Les subtilités de fonctionnement du réacteur étant assurées conjointement par l’entrée d’air principale à section variable, les entrées d’air auxiliaires et les paupières (N°9) qui sont des tuyères secondaires permettant aussi la fonction reverse.
1 – La régulation de fonctionnement implique une ouverture non maximale des paupières, afin de rester compatible avec la vitesse de l’avion.
En mode décollage le réacteur donne une puissance non maximale, bien que la tuyère primaire soit ouverte à son maximum et avec une post combustion activée.
Il n’y a à ce stade d’accélération (plus l’avion avancera et meilleur ce sera ) pas encore assez d’air en entrée d’air pour pouvoir espérer ouvrir encore plus grand derrière, pour pouvoir pousser encore plus fort et vite, et ce malgré l’ouverture des entrées d’air auxiliaires devant.
On ne peut espérer ouvrir les paupières en plus grand qu’à partir de Mach 0.55, valeur totalement incompatible avec une vitesse de décollage, vous en conviendrez !!!...
Chaque réacteur, qui avale pourtant autour de 195 m3 d’air à la seconde, n’avale pas encore assez d’air…
2- La réduction de bruit.
Ainsi ouvertes les paupières créent un effet venturi favorisant grandement une aspiration d’air frais supplémentaire venant englober le flux d’air chaud central du réacteur.
Concorde invente le pseudo « double flux » sur un réacteur simple flux !
Objectivement parlant c’est franchement minime, mais en pratique quand on mesure le bruit, ça contribue quand même à une diminution de quelques db du bruit.
3-Refroidissement des paupières
Là encore même si c’est franchement anecdotique, l’effet venturi contribue quand même à un apport d’air frais qui réduit d’autant l’élévation en température maximum des paupières.
4-Augmentation de portance (ou non diminution de la portance, c’est toujours ça de gagné)
Ce point est intéressant autant au décollage qu’à l’atterrissage
Ainsi légèrement entrebâillées les paupières, conjointement avec une poussée réacteurs TRES conséquente, créent une accélération de l’écoulement de l’air sur la partie extrados de l’aile, et donc de la portance en plus.
Concorde ne disposant pas de volet d’atterrissage, tous les moyens d’optimisation ont été pris très au sérieux pour grappiller, grapiller et encore grapiller de la performance.
Sans cette nouvelle génération de paupières (très simples, efficaces, légères et permettant de se passer du système précédent assez complexe et lourd) jamais le moindre Concorde série (version agrandie pour mettre 35 passagers de plus) n’aurait pu traverser l’Atlantique avec 100 passagers à bord et les minima de carburant à l’arrivée.
Le projet était même dans l’impasse avant l’ingénieuse proposition d’Etienne Fage, adjoint de Lucien Servanty.
François